PORTRAIT DE CREATRICE #3 – Mars 2023
Léa, de Pips Illustration
Peux-tu te présenter en quelques mots et nous raconter ton parcours ?
Je m’appelle Léa.
J’ai fait des études de Design à Nantes et, à la fin de mon master, je suis partie au Danemark. Je travaillais dans un studio de design pluridisciplinaire, OEO Design Studio, aussi bien sur des objets, de l’architecture d’intérieur, de la bijouterie, … J’y ai appris beaucoup, autant sur la culture danoise que sur le design. Puis après 2 ans, avec mon compagnon, designer également, on a eu envie d’autre chose. On a hésité entre deux projets :
- Changer de pays, en Europe, tout en continuant à être designers
- Partir en Nouvelle Zélande
C’est la Nouvelle Zélande qui a gagné et nous y sommes partis un an. A la base, on n’était pas du tout randonneurs, mais c’est devenu une véritable passion. On a arpenté le pays, notre van nous permettant d’aller d’un point de rando à un autre. Cela a été une année de grands changements, pour tous les deux, comme si on se délestait de plein de choses. Au Danemark, nous étions un peu l’archétype du designer. En Nouvelle Zélande, nous avons changé de prisme notamment sur notre façon de consommer. Au bout d’un an, on était contents de revenir en France, de revoir nos proches. Mais on ne rentrait plus du tout dans le « moule » qu’on avait quitté et s’est donc posée la fameuse question : « Qu’est-ce que j’ai envie de faire ? »
Passionné de vélo, mon compagnon s’est mis à faire de la restauration de vélos vintages. Il a maintenant son shop, Oban Cycles, à Bègles, et est très heureux dans cette nouvelle activité.
De mon côté, j’ai « réenfiler » mes anciennes chaussures de designer et j’ai travaillée en tant qu’architecte d’intérieur. Ça a été une chouette expérience en solo. Mais, au bout de 4 ans, j’ai senti qu’il fallait que je passe à autre chose.
En rentrant de Nouvelle Zélande, la peinture a eu pour moi un effet thérapeutique pour m’aider à retrouver mon équilibre. J’ai toujours aimé peindre et ça me fait du bien. Donc je l’ai fait à côté du boulot et, quand j’ai arrêté mon activité d’architecte d’intérieur, je me suis dit : « Fais à temps plein ce qui te fait du bien ! ». Et puis, je pense que les choses qui nous font du bien font aussi du bien aux autres. C’est une activité qui m’épanouit et je vois l’impact sur les autres. Les gens plongent littéralement dedans. L’art a cette capacité de faire du bien. Donc, depuis le printemps dernier, je me consacre à la peinture quasiment à 100%.
J’ai eu plein d’expériences dans ma vie (pro ou de voyages) et, aujourd’hui, j’ai trouvé mon équilibre: je sais pourquoi je le fais, c’est très clair.
Quelle est ta marque et est-ce que son nom a une histoire particulière ?
Ma marque s’appelle Pips Illustration. Son histoire est très simple : c’est un de mes surnoms. 😊
Comment définirais-tu ton métier ?
Je dirai que je fais plein d’activités et toutes ces activités forment mon métier : peinture, dessin et je me forme aussi en yoga, parce que ça contribue à mon équilibre. Je n’aime pas trop les étiquettes, qui ont tendance à figer les choses. Je suis persuadée que dans les années a venir d’autres passions viendront alimenter mon métier.
Qu’est-ce qui te plaît particulièrement dans ce métier ?
La créa et l’acte de peindre. En fonction du support, le process intérieur n’est pas le même. Par exemple, sur une toile, c’est un travail très personnel et je peux passer un mois sur un morceau de toile parce que ce ne sera pas la bonne couleur. Il y a quelque chose qui touche à l’émotionnel.
Pour une fresque, les gens me livrent un peu d’eux-mêmes : des souvenirs, des représentations qui leur font du bien, … Je vais me nourrir de tout ça pour leur proposer quelque chose qui sera unique et n’aura de sens que pour eux. Ce que j’adore aussi avec les fresques, c’est que, contrairement à un tableau, on ne peut pas les déménager. Malgré leur taille, elles sont éphémères, vouées à disparaître.
Dans les deux cas, à la fin, ce n’est pas pour moi que je le fais. C’est vraiment le process de création qui est intéressant et le lien avec les gens : créer quelque chose pour et avec eux.
Comment décrirais-tu ta journée-type ?
Dense ! Et vraiment variée.
Si je dois résumer, il y a une partie propre à chaque entrepreneur ou artisan : l’administratif, les mails, les devis. Il faudrait que je me bloque un moment dans la semaine pour tout traiter et être plus efficace. Mais j’ai du mal à laisser des choses inachevées, donc j’ai tendance à le faire au fil de l’eau.
Ensuite, il va y avoir des temps de dessin, qui ne sont jamais assez longs à mon gout ! Puis des temps de veille. Si j’ai un projet sur un souvenir de voyage ou un paysage, dans ce cas-là j’aime me documenter assez précisément sur le lieu. Et je fais aussi de la veille « au long court », plus ou moins consciente, qui me nourrit pour des projets futurs. Cela peut-être d’aller à la bibliothèque me perdre dans des BD ou des livres d’images ou aller voir l’océan. L’océan c’est d’ailleurs un réel besoin, c’est ancré dans mon univers. Je prends rarement des photos mais j’imprime directement dans mon inconscient.
Sans oublier toute la partie mise en place concrète : les peintures, les échantillons, les mesures chez le client… Bref, tout le volet très concret du projet.
Des difficultés dans ce métier ?
Le volet « Gestion d’entreprise ». Toute mon expérience en design puis en architecte d’intérieur indépendante m’a rôdée au fait d’être autonome et d’avoir tout l’administratif à gérer. Je suis plus apaisée aujourd’hui sur ces sujets mais on ne va pas se mentir, j’adorerais ne plus avoir à le faire !
La plus grande difficulté, pour moi, c’est la gestion du temps. J’ai une notion du temps assez élastique, ce qui fait que j’ai tendance à me charger de travail et c’est vrai que cela peut grignoter sur mon temps personnel. C’est un équilibre à trouver.
Des conseils pour quelqu’un qui voudrait se lancer dans l’artisanat ?
Le point clé c’est d’avoir en tête qu’aimer faire une activité créative dans ses loisirs ne veut pas dire qu’on va aimer le faire comme activité pro, que ce soit à temps plein ou partiel. Il faut se dire que dans chaque activité, tout ne peut pas être 100% fun tout le temps et il faut l’accepter.
Pour moi, il faut accepter que ça prenne un peu de temps et se mettre en sécurité. On peut y aller tranquillement, par étapes : tester d’abord, sans tout lâcher avant de changer de vie. Dans cette phase, ça peut être instructif de rencontrer d’autres artistes et créateurs et de voir la « vraie vie » derrière Instagram. Pour ma part, 2 jours par semaine sont consacrés à une deuxième activité rémunératrice et cela me permet de m’enlever un peu de pression sur mon activité créative. Il faut se connaître, trouver son propre chemin, son propre rythme pour le faire en toute sérénité.
Enfin, il ne faut surtout pas se comparer !! C’est tentant de se dire « est-ce que je suis légitime ? », « D’autres vont le faire mieux que moi ! » : oui, c’est vrai, mais en fait on s’en fout ! Si on suit une envie forte, qu’on a du dynamisme à revendre, il y aura un public. Par exemple, moi je ne sais pas dessiner la réalité de façon figurative mais je suis très admirative de ceux qui peuvent le faire. On n’est pas tous obligés de faire la même chose. Il y a de la place pour tout le monde, à partir du moment où on a une identité.
Enfin, quels sont tes projets pour la suite et tes actus ?
J’ai plein de fresques prévues au printemps, qui devraient bien m’occuper pendant plusieurs mois !
Après, c’est plus une envie qu’une actu mais j’aimerais que mon travail puisse faire encore plus de bien à certaines personnes, qu’il ait un sens plus social, plus ouvert. Par exemple en proposant des projets dans des hôpitaux, des hôtels sociaux, … Ce serait aussi l’occasion de développer des fresques participatives : concevoir avec les patients ou les occupants, en faire un vrai projet commun, au-delà de l’aspect esthétique et « amélioration visuelle » d’un lieu. Et je crois que ça me ferait du bien à moi aussi !
Pour découvrir l’univers coloré de Léa et suivre ses actus, visitez son site Internet – https://www.pipsillustration.com – et suivez-là sur Instagram @ pips_illustration !
Crédits photos : Léa Pelotte
Portrait chinois
Une saison : le printemps
Une couleur : les blancs
Une pièce de la maison : mon salon, car c’est un lieu vivant qui revêt une dimension différente à l’instant T (intime ou convivial par exemple)
Une fleur : la campanule
Un objet : mon carnet
Une odeur : l’odeur des Pins
Une matière : l’herbe sous mes pieds nus
Un lieu : ici c’est le Grand Crohot mais, dans l’absolu, c’est l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande et en particulier près de Wanaka