PORTRAIT DE CREATRICE #1 – Janvier 2023
Laura, de Miluccia Atypical Flowers
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Laura, j’ai 34 ans et je suis maman d’une petite Mila de 7 ans. Je suis originaire du nord de la France mais je suis arrivée à Bordeaux quand j’étais en primaire, donc finalement plus bordelaise que nordiste !
Je suis à mon compte depuis 2017, quand j’ai créé Miluccia Atypical Flowers.
D’où vient ce nom de marque ? Est-ce qu’il a une histoire particulière ?
Oui ! J’ai eu un vrai coup de cœur pour la Corse. C’est une île particulière, sur laquelle j’arrive vraiment à me ressourcer, déconnecter et me reconnecter à moi-même. Et « Miluccia » ça veut dire « petite Mila » en Corse 😉 Ensuite, c’était important pour moi qu’on comprenne de quoi il s’agit dès le nom de la marque, donc j’ai simplement ajouté « atypical flowers ».
Comment définirais-tu ton métier ?
Je me qualifie de « faiseuse » de fleurs en papier. Concrètement, mon métier consiste à créer un univers fleuri à base de papier et à me rapprocher au maximum du réalisme d’un vrai spécimen.
Je suis une fleuriste nouvelle génération, qui met en valeur les beautés de la nature, en accord avec ma conscience environnementale. Le secteur de la fleuristerie traditionnelle n’est pas vraiment synonyme de valeurs durables et écologiques… Les fleurs coupées ne durent pas, les miennes sont éternelles.
Comment en es-tu arrivée là ?
Je travaillais dans la grande distribution, comme manager et je suis devenue maman… De fait, le management, les horaires, n’étaient plus en adéquation avec mon nouveau rythme de vie, ma nouvelle parentalité mais aussi mes valeurs tout simplement. J’ai donc demandé une rupture conventionnelle qui a étonnamment été acceptée ! Ma fille était toute petite à l’époque et, comme j’aimais créer depuis que j’étais enfant, j’ai tout naturellement commencé à créer des choses pour elle. Au fur et à mesure, j’ai trouvé que ce qui me plaisait vraiment c’était une matière, le papier, et les fleurs. Je faisais déjà des fleurs en papier avec ma mère lorsque j’étais moi-même enfant !
Qu’est-ce qui te plaît particulièrement dans ce métier ?
Il y a plusieurs choses, et heureusement !
Déjà, les fleurs me procurent de la joie.
Ensuite, il y a la création en elle-même : à la fois le fait de créer quelque chose de mes mains mais aussi tout le process de réflexion en amont (disséquer la fleur, faire des croquis, réfléchir à comment la reproduire, d’abord avec le matériel que j’ai à disposition avant d’éventuellement consommer plus). C’est un bonheur de faire une fleur et de la voir petit à petit éclore entre mes doigts.
Et on peut copier toutes les fleurs ?
Techniquement, toutes les fleurs sont copiables. Après, je ne suis pas toujours satisfaite de mon travail… Donc je dirai plutôt que certaines sont plus complexes que d’autres mais que le niveau de qualité de leur réalisation ne dépend pas tant de la technique que du niveau d’exigence du créateur envers lui-même.
Des difficultés dans ce métier ?
Oui, bien sûr ! La première, je dirais que c’est d’être seule. Je suis quelqu’un d’assez introverti, j’ai du mal à demander de l’aide. Pour compenser cette solitude parfois pesante, j’ai pour projet de trouver un local à partager.
La seconde, c’est de savoir s’organiser. Je suis auto-entrepreneure et, quand on est auto-entrepreneure, on a plein de priorités à gérer, qu’elles soient administratives, liées à la production, la communication, etc… C’est important d’apprendre à les hiérarchiser : on a tendance à le faire en fonction de nos envies ou besoins mais ce n’est pas toujours le critère le plus pertinent !
La troisième, et la dernière, c’est la gestion du stress. Concrètement, si tu ne vends pas, tu n’as pas de rentrée de chiffre d’affaires. Être à son compte c’est un ascenseur émotionnel : le moindre creux prend des proportions gigantesques, le moindre top aussi, heureusement ! Les émotions sont décuplées, et d’autant plus en tant que maman solo je trouve.
Comment décrirais-tu ta journée-type ?
Brouillon !
Plus sérieusement, idéalement, je consacre mes matinées à la gestion des urgences : mails, devis, factures, … Ensuite je produis jusqu’à 17h, où ma seconde journée commence en allant chercher ma fille à l’école. Et je retravaille le soir. Sur l’organisation de la semaine, je privilégie les découpes sur les premiers jours et les montages sur la fin de la semaine. Je travaille avec une vingtaine de points de vente, je dois donc un minimum « industrialiser » ma production pour être la plus efficace possible.
J’essaie de consacrer une journée par semaine à la gestion des réseaux sociaux et la création de contenus. Cette journée, je la passe à l’extérieur (bibliothèque, café, …) pour ne pas être polluée et être vraiment efficace.
En tant que maman solo, j’ai ma fille une semaine sur deux. J’ai donc une semaine qui sera plus intense, week-end compris. Je n’ai pas vraiment de jour « off » ces semaines-là mais pour l’instant cela me convient !
Est-ce que tu as déjà eu des demandes un peu originales, notamment pour des mariages ?
Non, les gens restent plutôt classiques. Ils aiment, et choisissent, généralement les fleurs de ma gamme existante.
De temps en temps, quand le budget le permet, ils me demandent des fleurs particulières. Globalement, il faut trouver le juste équilibre entre s’adapter aux envies des clients tout en restant cohérent avec soi-même, son univers et son savoir-faire.
Pourquoi as-tu souhaité te développer dans le secteur du mariage et, plus généralement, de l’événementiel ?
Pour la magie et l’émotion que cela procure ! Les couples qui font appel à moi pour leur mariage le font certes pour un critère environnemental, mais aussi pour avoir quelque chose qui dure dans le temps et qui leur permettra de se remémorer cette journée. En un sens, je contribue, à mon niveau, à la réussite de cette journée et c’est en partie grâce à mon bouquet qu’ils pourront revivre les émotions vécues ce jour-là.
Des conseils pour quelqu’un qui voudrait se lancer dans l’artisanat ?
Se lancer ! Mais aussi s’écouter et s’entourer.
Et si cela ne marche pas, ce n’est pas grave ! Je ne vais pas mentir, on en a parlé plus haut, ce n’est pas simple tous les jours. Mais, au moins, il n’y a pas la frustration d’être peut-être passée à côté de quelque chose. Il faut se faire confiance.
Enfin, quels sont tes projets pour la suite et tes actus ?
J’ai un livre, Jardin poétique de papier, qui est sorti en octobre aux éditions de Saxe et de nouveaux projets avec les éditions de Saxe sont en cours.
Cette année, j’ai décidé de dire stop à mon syndrome de l’imposteur parfois un peu présent et je vais faire des salons du mariage. Jusqu’à présent, je me l’interdisais un peu en pensant qu’il fallait être une « vraie » fleuriste pour y aller. Mais il faut vivre de ses envies et les retours des clients me rassurent. Je me lance donc !
J’ai aussi de beaux shootings photos de mariage prévus.
Et enfin, j’aimerais davantage développer les ateliers et restructurer un peu Miluccia en ce sens, pour convenir à la fois à ceux qui veulent acheter mais aussi à ceux, et ils sont nombreux je pense, qui veulent apprendre à faire.
Un grand merci à Laura pour cet échange ! Pour découvrir son univers fleuri et suivre ses actus, visitez son site Internet – https://www.miluccia.shop/ – et suivez-là sur Instagram @miluccia.shop !
Crédits photos : Delphine Close et Irma Imano
Portrait chinois
Une saison : l’automne, j’adore cette saison, j’aime sa mélancolie
Une couleur : le vert
Une pièce de la maison : une véranda ou une loggia, pour la lumière, la possibilité d’un jardin d’hiver
Une fleur : l’Hellébore, une fleur très jolie, pleine de détails, et qui est en cours de création chez Miluccia 😉
Un objet : un plaid
Une odeur : la mer, l’iode, le côté air marin
Une matière : le bois
Un lieu : devant une aurore boréale, un de mes rêves