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PORTRAIT DE CREATRICE #5 – Mars 2023

Marine, Ublo

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis Marine Lecardeur, j’habite au Bouscat et j’ai 34 ans !

J’ai créé une marque qui s’appelle Ublo. La marque est active officiellement et juridiquement depuis janvier 2021, mais je partage mes illustrations sur les réseaux depuis 2018. Ça commence donc à faire quelques années !

Est-ce que le nom de ta marque a une histoire particulière ?

Alors, il y a deux versions de l’histoire…

L’officielle : c’est une fenêtre, une percée dans une paroi qui permet d’admirer un paysage ou un décor.

L’officieuse : quand j’ai lancé mon Instagram, j’ai cherché un nom, avec mes amis. Je voulais un nom court, qui soit en lien avec quelque chose que j’affectionne. J’ai une passion pour les coquillages, et en particulier pour les bulots. Mais bon, « Bulot Illustration » ça ne sonnait pas très bien.

Donc on a joué avec les lettres de « bulot », et, après quelques anagrammes, Ublo est né ! En plus, c’est un nom qui n’est pas genré, ce qui me plaît beaucoup.

C’est pourquoi mon logo est un petit bulot, et je l’aime beaucoup.

Comment définirais-tu ton métier ?

Ça n’a pas été facile, syndrome de l’imposteur quand tu nous tiens, mais maintenant j’arrive à le dire plus facilement : je suis paysagiste et illustratrice. Illustratrice de quoi me direz-vous ? J’imagine et je réalise des décors sur vitrines, des affiches personnalisées, des calendriers, des affiches sur les thèmes qui m’inspirent… L’illustration se développe sur tellement de supports ! On a l’embarras du choix.

Je suis paysagiste de formation mais je n’ai pas fait d’études spécifiques pour être illustratrice, c’est pour cela que j’ai eu du mal à m’affirmer comme telle je pense. C’était un loisir qui est devenu mon métier. Néanmoins je prends des cours depuis que je suis enfant, donc j’ai quand même quelques bases !!

Comment en es-tu arrivée là ?

J’ai été initiée à la peinture et au dessin depuis l’âge de 8 ans. J’ai eu un coup de cœur pour ma prof de dessin, formée aux Beaux-Arts de Bordeaux, et je l’ai suivie au gré de ses changements d’ateliers. C’est devenu ma mentor.

J’ai ensuite d’abord poursuivi des études supérieures scientifiques. Au détour d’un forum des métiers, je découvre le métier de paysagiste concepteur. C’est juste idéal vu que ça mêle à la fois du dessin, de la création et des sciences, tout ce que j’aime ! Le concours d’entrée en poche, j’ai passé 4 années à me former au métier de Paysagiste Concepteur à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux.

Je suis partie ensuite 5 années à Montréal. C’était une expérience très enrichissante faite de rencontres, et d’expériences professionnelles. Là-bas, j’ai recommencé à dessiner pour moi et pour le plaisir.

De retour à Paris, j’intègre en tant que salariée une agence de paysage et d’urbanisme, avec de très beaux projets. Je continue à dessiner en dehors de mes heures de travail et, c’est à ce moment-là que je commence un peu à montrer mes créations. Après deux années à Paris, je retourne à Bordeaux ! Nouvelle ville, nouvelle agence. En parallèle, Ublo existait déjà, via le compte Instagram, et les projets d’illustrations pour mes proches s’accumulent : je réalise des calendriers, quelques projets de faire-part… Je prends comme un signe le fait que cela ne se passe pas comme je le désirais dans mon boulot et, cette fois, je décide de me lancer : je démissionne en juin 2021 pour me consacrer pleinement au dessin. Je continue à travailler pour l’agence de paysage environ 2 jours / semaine mais en tant qu’indépendante.

Aujourd’hui, j’ai trouvé mon équilibre. Je rencontre des gens variés et très intéressants, j’ai aussi les encouragements des clients en direct, ce qui me motive grandement. 

Qu’est-ce qui te plaît particulièrement dans ce métier ?

J’adore imaginer les décors de vitrines, les décors muraux et retranscrire les paysages que je traverse.

Je trouve ça super stimulant de mettre des idées ou souvenirs sur le papier, notamment pour les affiches personnalisées. Les gens me font rentrer dans leurs souvenirs pour que je les illustre, c’est fascinant. C’est un peu thérapeutique aussi : ça me calme si je suis énervée, me détend si je suis stressée…

Des difficultés dans ce métier ?

De façon très originale, l’administratif !

Autre que cet aspect « gestion », la principale difficulté pour moi c’est de parler de moi et mettre en avant mon travail. Je suis toujours un peu gênée. Par exemple, là tu es venue me chercher donc je sais que tu aimes, je suis détendue. D’une manière générale, quand on me demande de montrer mes créations, je crains toujours la réaction.

Parfois on est étonné de la réaction des gens, pas toujours hyper bienveillants, mais globalement ils sont adorables et les échanges que j’ai avec eux justifient pourquoi je fais ça ! Il faut avoir en tête que ce n’est pas forcément simple de passer de « Je le fais pour le plaisir » à « Je dois vendre ».

Enfin, je trouve que c’est très compliqué de mettre un prix sur ses œuvres. Concrètement, aujourd’hui il y a plein de produits qui ne sont pas rentables pour moi, alors même que certains clients les trouvent déjà trop chers !

Comment imagines-tu tes nouvelles créations ?

En ce moment, je dessine moins pour moi, je réalise surtout des commandes, identité visuelle, affiches personnalisées basées sur les souvenirs que les gens me partagent et veulent voir illustrés.

Pour alimenter mon inspiration, j’explore aussi de nouvelles techniques : cours de sérigraphie, peinture décor, poterie, … Cela me nourrit et m’ouvre à d’autres thèmes, d’autres possibilités.

Sinon dans les thèmes que j’aime explorer il y a ce qui touche de près ou de loin la mer, l’océan. C’est un univers qui me fait rêver et m’inspire : les motifs des vagues, des coquillages. Mais également les ciels, la flore, tout ce qui se rapproche de représentations naturalistes.

Des conseils pour quelqu’un qui voudrait se lancer dans l’artisanat ?

Si j’ai un conseil à donner aux artistes qui veulent se lancer en tant qu’artiste auteur, c’est de participer au programme Orient’Express de la Fabrique Pola. C’est ce que j’ai fait et c’est vraiment génial. On était 19 artistes (sculpteurs, photographes, illustrateurs, peintres, …) et, pendant 4 mois, on a pu participer à des ateliers juridiques, budgétaires, avoir quelques bases sur la représentation de notre art …C’était très instructif. Au début, quand tu te lances, il faut s’entourer de gens qui veulent et peuvent t’aider. On a la chance d’avoir accès à plein de formations, il ne faut pas hésiter.

Un autre conseil serait de rencontrer des gens qui font la même chose. Illustrateur c’est un métier plutôt solitaire alors, s’entourer de personnes qui font le même type de métier, ça permet d’échanger dans les moments de doute, mais aussi sur ce qui fonctionne bien, et d’avoir des partages d’expérience.
Et y croire, en tout cas essayer ! Si l’aventure se solde par un échec, ce n’est pas grave.

Evidemment, j’ai une position plutôt confortable pour dire ça, puisque que j’ai gardé mon premier métier en parallèle, mais je l’exerce de manière libre. Il faut prendre les ondes positives des gens autour – proches, clients ou confrères – quand on doute un peu. Et se laisser guider par les signes 😉

Quels sont tes projets pour la suite et tes actus ?

J’ai pas mal de projets : des vitrines en avril, un faire-part de mariage, des dessins pour un très beau domaine dans le Limousin, … Je suis aussi en train de créer un petit « guide de Bordeaux » avec plein de bonnes adresses pour des amis qui ouvrent des appartements en location, By Homy.

Ma bonne résolution 2023, c’est de dessiner mon année dans un carnet. Je ne le fais plus, ça me forcera à continuer à dessiner pour moi 😉

Tout ça, en continuant d’être paysagiste concepteur 2 jours / semaine et à donner quelques cours à l’école d’architecture de Bordeaux, en paysage. Bref, je suis bien occupée !

Pour découvrir l’univers poétique de Marine et suivre ses actus, visitez son site Internet – https://www.etsy.com/fr/shop/UBLOillustrations – et suivez-là sur Instagram @ublo__!

Crédits photos : SergDady, Alexandre Chamelat, Marine Lecardeur

Portrait chinois

Une saison : Le printemps

Une couleur : Le bleu, sans hésiter

Une pièce de la maison : Une véranda, une serre, un jardin d’hiver. Un lieu où tu peux lire et dessiner, avec des canapés, des plantes, de la lumière, …

Une plante : L’oranger du Mexique, ça sent trop bon ! 

Un objet : Mes carnets

Une odeur : L’odeur des livres, le papier d’une manière générale.

Une matière : De la pierre calcaire charentaise

Un lieu : L’océan